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©1994-2010

 

Vieux souvenirs de ces jeux d’enfant qui consistent à donner forme à une figure en reliant entre eux différents points selon un schéma préétabli, la plupart des travaux de Cyril Barrand procèdent d’une semblable construction.
Qu’il s’agisse de ses grands "tableaux" composites de ses débuts ou de ses sculptures d’assemblages plus récentes, ce qui préside est le soin d’organiser toutes sortes de connexions, de liens, de réseaux.
Tracés, graphes, découpes, greffes, aboutements, entrelacs, il y va dans cette volonté de structurer, de tisser, de ramifier, de ce que l’artiste désigne lui-même comme une "esthétique de la liaison".

On serait tenté de considérer telle démarche à l’ordre d’une pensée "nouvelle technologie" si ce n’était que Cyril Barrand en appelle à des matériaux de récupération rudimentaires, voire archaïques.
Boyaux de caoutchouc, chambres à air, latex, pièces de métal, morceaux de bois, etc., sont employés par lui pour composer des objets insolites qui jouent de qualités formelles et plastiques entre contrainte, tension et compression.

Ainsi de cette Gorgone, datée 1994, faite d’une structure d’osier et de morceaux de chambres à air dont les extrémités sont retenues dans son maillage et qui pendent en entrecroisant leurs formes avachies comme des tubes organiques ou les éléments curieusement mous d’un batteur ménager.
L’image du poulpe, voire de la Méduse, vient se superposer à cet objet sans nom pour suggérer finalement la métaphore de la Gorgone et opérer la transmutation nécessaire qui fait basculer un monde dans l’autre.

 

Most of Cyril Barrand’s work along a construction similar to those games, distant memories of childhood, that consist in linking together different points according to a pre-established schema.
Whether it be his early big "composite" pictures or his more recent sculptural assemblages, the dominant feature is that of bringing into play all manner of connections, links or networks.
Whether in traced forms, grafts, cut-outs, transplants, sequences or interweavings, what we are dealing with in this will to give structure, to knit together, to form into branched frameworks is what the artist himself terms an "aesthetics of liaison".

It would be tempting to see this strategy in the light of a thinking exploring "new technologies" were it not for that Cyril Barrand makes use of rudimentary, even archaic materials.
Rubber pipes, inner tubes, latex, pieces of metal, bits of wood, etc., are all amongst the materials he uses to create uncertain objects that put into play formal and plastic qualities somewhere between constraint, tension and compression.

This is the case with the work Gorgon, from 1994, composed of a structure of osier and fragments of inner tube whose ends are fixed within the structure while the tubes themselves hang down with their sagging forms intermingling like organic tubes or the strangely flaccid forms of a whisk.
The image of an octopus, or even a Medusa-like jelly-fish, come to be superposed on this nameless object to finally suggest the metaphor of the Gorgon and operate the necessary transformation that causes one world to cascade into another.

Philippe PIGUET,
Catalogue FRAC Alsace, "Acquisitions 1996/2002"