La Belle et la Bête au jardin d’Aphrodite

Belle - Bête une inversion semblable à un oxymoron où le merveilleux cache la dureté du réel, où l’ingrat peut révéler un trésor.

Ce type de fonctionnement est déjà présent dans mon travail :

Dans les sculptures, les objets du réel (tables, fauteuils...) deviennent supports de greffes les transformant en formes singulières et inquiétantes ; ou inversement, des matériaux informes laissent apparaître par leur juxtaposition des identités étrangement familières.

Dans les peintures, la superposition d’informations dessinées à échelle différente (plans, mains, silhouettes...) confrontée à la préciosité des matériaux (imprimés chamarrés, rehauts de feuille d’or ou d’argent) est encore contrariée par l’inscription d’une « formule magique » ?

La Belle et la Bête ou, ce qui se lit dans le miroir de Janus à deux faces qu’est notre identification et interprétation du réel.

Un jardin intérieur :

- La rose : fleur symbolique par excellence, elle est au centre du drame de la Belle et la Bête.

- Le fauteuil : celui où la Belle s’assied pour se pencher sur le miroir, écran qui dévoile la vie des siens alors qu’elle en est séparée.

- La pomme : dans cet autre mythe, celui des Trois Grâces, le symbole de l’amour (comme la rose), mais aussi du péché originel, devient monstre de discorde.

- La mandragore : racine anthropomorphe (délétère et narcotique, donc douée de « pouvoir »), on la croyait aphrodisiaque et maléfique...

- Le papillon : métamorphosis ou le mythe de Psyché. Au Japon, il est emblème de la femme et deux papillons figurent le bonheur conjugal.

- L’amour-en-cage (alkékenge) : ce n’est pas en enfermant la Belle que la Bête obtient son amour, mais en la laissant s’échapper, pour mieux revenir.

Ce jardin intérieur est aussi un jardin secret, où il faut regarder de l’autre côté du miroir, pour découvrir l’essence profonde des choses.

Bellamorphosis et Bêtamorphosis retracent comme un livre ouvert, ou des tapisseries, l’histoire du jardin intérieur, son invention et le croisement de ces histoires du merveilleux et de l’imaginaire, métissage de sens, de culture et de matériaux hétérogènes.

*Formule inversée de la beauté se définit plus comme une planche anatomique ou botanique, un schéma de la beauté énumérant les différents ingrédients qui composent la recette du jardin intérieur d’Aphrodite.

Dans Jardin intérieur d’Aphrodite , le fauteuil, greffé d’une mosaïque de gousses d’ail en céramique (type porte-clefs contre le mauvais œil) se transforme en monstre à quatre pattes ; arrivera-t-il à conjurer le sort ?

Trois amours-en-cage surdimensionnés deviennent l’univers d’un lion aux ailes de papillon, sur l’une des cages, on peut lire ‘’A la plus belle’’. Métamorphose de la Bête, ou force et souffle comme remède au monstre de discorde.

Au mur, une rose au regard médusé veille à l’ensemble...

* Note : En 1932, un mathématicien, George David Birkhoff (1884-1944), fidèle aux principes de Gustave Théodore Fechner (1801-1887), père de la psychophysiologie sensorielle (perception / affectivité), propose d’exprimer la beauté par la formule mathématique simple : M = O/C, où M est la mesure de la beauté, O l’ordre et C la complexité.